Barbara solo sur la plage - Kamaraksa

La petite histoire

Histoire de ma venue aux danses des Orients

Née à Paris de parents nés eux-mêmes à Paris. Ma mère serait née d’un père gitan que personne ne connaît, un inconnu qui, malgré lui, nous a donné à elle et moi, une ouverture sur les autres cultures. Chez ma mère, nous écoutions et dansions sur toutes les musiques du monde et toutes les cultures étaient accueillies. Ayant grandie en banlieue parisienne, à Arcueil, j’ai toujours été en contact avec beaucoup de français.es d’origine maghrébine.

Nuage de mots Kamaraksa - Kamaraksa

… et tant d’autres personnes avec lesquelles j’ai appris et « voyagé » au Maghreb, au Liban, en Turquie, en Iran … tout en étant en France.

Toujours merveilleusement bien accueillie chez les amis, la famille. Un couscous, quelques dattes, un thé à la menthe, un café. Salam Oualekoum ! (Que la paix soit avec toi!)

La richesse du cœur ! Merhaba ! (Bienvenue!)

Les maisons s’ouvrent, je suis « leur fille », « leur sœur », « leur amie », je me sens chez moi, je me sens moi avec eux, avec elles. Choukrane ! (Merci!)

De rencontres en rencontres, je m’enrichis de leurs musiques, de leurs poésies, de leurs parcours d’exilés pour certains-es, souvent douloureux et chaotiques, de fêtes en noubas, de bœufs musicaux improvisés, de rires en larmes partagées, toujours du soutien, de la fidélité, de la solidarité…

Un jour se dessine un voyage qui fera déclic.

J’ai 20 ans.

Ghalia Lacroix, devenue co-scénariste des films d’Abdellatif Kechiche, mon amie à la fac de philo me propose de partir un mois en Tunisie, dans sa famille, à Tunis, puis Djerba. Le café des Nattes à Sidi Boussaïd, le désert, les ambiances familiales, la cuisine, les chansons, l’arabe, les parfums de jasmin, la langueur des soirées sur les terrasses, les chants des muezzines, le bazar des souks, les parfums des épices colorées, tout est là et m’enivre !

C’est lors des après-midis de grosse chaleur quand les femmes se retrouvent dans le gynécée, ferment les persiennes et que nous nous allongeons pour nous raconter, boire du thé, chanter, danser que j’ai ma première grande sensation  de bien être absolu, entre femmes puisque les hommes sont absents.

Emportées par quelque musique, nous dansons et je me souviens que mon bassin, mes mains, mes pieds, tout mon corps s’est ouvert à ces rythmes, ces vibrations, ces plaintes chantées, Oum Kelthoum … El Omri ! Aaaaaah ! Sublime !

Je me suis découverte femme, mon corps m’appartenait, j’étais née !

De retour à Paris, je suis allée directement m’inscrire à mon premier cours de danse orientale, rue de Lancry. C’est avec Ottilie Eucher, si élégante et si gracieuse que j’ai fait mes premiers pas de danse égyptienne et je suis tombée littéralement en amour de ces danses et peut-être est-ce à ce moment là que j’ai pris conscience de ma « féminité », de ma « sensualité » et de ma « créativité ».

Aïwah Festival 2007 - Mélisdjane Sezer - Kamaraksa

Puis, j’ai rencontré Melisdjane Sezer, « Libre danseuse et penseuse orientale des Balkans et de Turquie » comme elle tient à se définir, véritable anthropologue, récolteuse des danses arabes, tsiganes-rom de turquie et des Balkans, libanaises, et d’autres pays encore, musicienne, rigoureuse et d’une générosité sans pareil dans son enseignement. Avec elle, je me suis formée à l’écoute de la musiques, des rythmes, à différencier les différents styles de danse, à les interpréter tout en les respectant. Danseuse merveilleuse, qui enflamme les spectateurs comme je n’en ai jamais connue d’autre par son talent, son énergie, sa puissance, sa spiritualité. Melisdjane, marraine du festival Aïwah de 2006 à 2010, les quatre années de ce bel événement que j’ai créé et à qui je dois tant.

Un an plus tard, j’ai rencontré Lamia Safiedine qui m’a ouvert à ce qu’elle nomme « Danse arabe contemporaine » où l’interprétation vaut au moins autant que la technique. Lamia est une grande créatrice qui cherche les alliances avec d’autres genres musicaux, n’hésitant pas à danser sur du jazz, des chansons de Brel, Barbara ou créant des spectacles où se croisent le tango, le flamenco, la danse contemporaine. C’est une enseignante qui déploie la créativité de ses élèves. Par l’amour qu’elle nous donne, elle nous invite à prendre du plaisir, à faire alliance entre nous toutes, à nous autoriser à danser notre personnalité. Je me suis épanouie et réconciliée avec moi-même à son contact à un moment qui n’était pas facile pour moi. Elle n’a jamais cessé d’influencer ma pédagogie.

Lamia Safiedine - Kamaraksa
Nadia Makhlouf - Kamaraksa

Enfin, Nadia Makhlouf pour qui j’ai une affection particulière et une admiration illimitée tant elle maîtrise son art, tant elle donne sans limite, tant elle danse avec magie, coeur et spiritualité. Et puis, c’est mon amie !

Puis, d’autres professeurs comme Leila Haddad, Mia Kazan, Noria Dahmani et d’autres qui m’ont toutes apportée leur approche spécifique, des techniques différentes, complémentaires.